BAPTISÉS POUR SERVIR

Avant de célébrer la Messe (ou tout autre sacrement, d’ailleurs) le prêtre commence toujours par se vêtir d’une aube. Ce vêtement blanc, qui couvre la quasi-totalité de son corps, lui rappelle le jour de son baptême. Ce jour-là, le ministre qui l’avait baptisé lui avait adressé ces paroles : « Tu es devenu une nouvelle création dans le Christ ; tu as revêtu le Christ ». Ainsi, chaque fois qu’il remet son aube il assume, de nouveau, cette belle réalité ; il n’est pas en train d’agir en son propre nom, mais au nom de Celui qu’il a revêtu et qui agira en lui.

Par son ordination, le prêtre est consacré au Christ et il est missionné pour imiter Celui qui « n’est pas venu pour être servi, mais pour servir ». Pour cette raison, il n’est plus maître de son propre destin, mais serviteur de Dieu qui l’a appelé. En assumant sa nouvelle condition, toute sa joie et son épanouissement sont intimement liés au service du Peuple de Dieu et à l’établissement du Royaume de Dieu.

Mais, en réalité, tous les baptisés sont aussi « consacrés » à Dieu ; chacun a « revêtu le Christ » et chacun est donc appelé à L’imiter. Ainsi, il ne devrait pas y avoir un seul baptisé qui ne se considère pas « serviteur » ; cela fait partie de notre ADN de chrétien ! Tout comme les ministres ordonnés, chaque baptisé a aussi besoin de se rappeler de cette réalité. Au lieu de nous demander de venir à la Messe tous habillés en blanc (ce qui donnerait un air un peu trop sectaire à nos célébrations… !) l’Église nous invite plutôt à tremper nos doigts dans l’eau bénite, l’eau avec laquelle nous avons été baptisés et à faire un beau signe de croix. C’est précisément sur la croix que Jésus a manifesté jusqu’où Il était prêt à aller pour être à notre service – jusqu’au don même de sa vie. Alors, chaque fois que nous faisons le signe de la croix, nous nous inspirons de notre Maître et nous nous rappelons que le vrai serviteur est animé par l’amour qui ne sait que tout donner. Mais, celui qui sert n’est pas maître des résultats de ses actions ; il espère bien sûr recevoir en retour, mais il ne met pas ceci comme de condition. Il se met au service de son prochain, non pas parce qu’il est contraint de le faire, mais tout simplement parce que c’est bon et c’est ce que Dieu attend de lui.

Je me souviens d’un FRAT à Lourdes, où j’ai eu l’occasion d’observer des volontaires qui donnaient de leur temps au service des malades. J’ai été particulièrement frappé par une dame hébergée dans notre hôtel ; elle s’occupait d’un jeune homme lourdement handicapé qui n’arrivait pas à marcher tout seul. Chaque mouvement, chaque pas en avant était physiquement difficile pour tous les deux, mais elle l’accompagnait sans se faire remarquer avec tant de patience et de tendresse. Elle était servante, inaperçue et insignifiante peut-être aux yeux du monde, mais elle brillait sûrement aux yeux de Dieu. C’est de personnes comme elle que le Royaume de Dieu est fait. Chacun de nous, les baptisés, sommes envoyés dans le monde pour nous mettre au service de nos frères et sœurs « handicapés » de mille manières et qui ont besoin de notre aide pour marcher, aimer, pardonner, etc. Que chaque Messe, chaque signe de croix tracé sur notre corps nous rappelle cette belle mission.

Père Richard Greenslade, curé