À ce stade, la réaction habituelle est : « Y’a encore du boulot ! » et généralement on ajoute « Est‐ce réellement possible d’être parfait comme le Père est parfait ? » J’imagine que Jésus ne cherche pas à nous décourager, la preuve, c’est qu’il a commencé son discours sur la montagne en répétant les mots « Heureux… »
Que signifie « être parfait ? » Si on cherche à être « au top » sur tous les plans (travail, vie sentimentale, famille, physique etc.), on s’aperçoit rapidement que cela ne fait que générer de la tristesse, voire de la colère, ce qui ne va pas avec le « Soyez dans la joie et l’allégresse » que Jésus dit également au début du sermon sur la montagne (Matthieu 1 ). Par nous‐mêmes, impossible d’être « au top » sur tous les plans. Le bonheur, tel qu’il est perçu habituellement aujourd’hui, n’est qu’une illusion.
Puisque la Bible éclaire la Bible, si nous allons voir la première lecture du jour, nous avons les mots « Soyez saints, car moi, le Seigneur votre Dieu, je suis saint » (Lv 19,2).
La perfection à laquelle Jésus nous appelle, c’est la perfection de la sainteté. Or Dieu seul est saint, donc la seule manière d’être saint, c’est de nous tourner vers lui.
C’est précisément ce que dit Saint Paul aujourd’hui : « Frères, ne savez‐vous pas que vous êtes un sanctuaire de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? Si quelqu’un détruit le sanctuaire de Dieu, cet homme, Dieu le détruira, car le sanctuaire de Dieu est saint, et ce sanctuaire, c’est vous » (1 Co 3,16).
Jésus veut que nous soyons parfaits, c’est‐à‐dire que nous entretenions le sanctuaire que nous formons, et que nous nous tournions vers le Père pour nous laisser façonner (voir décaper !) par l’Esprit Saint. Cette perfection n’est pas passive, ce n’est pas « on/off ». Elle grandit par le double commandement de l’amour, à savoir en gardant constamment notre regard tourné vers le Christ, ainsi que par l’exercice d’une charité concrète. Ça tombe bien, dans quelques jours commence le carême. Nous aurons tout le temps pour y travailler ensemble !
Père Thibaud Labesse