Son auteur, Didier Rance, a trop roulé sa bosse pour entretenir, là-contre, un optimisme naïf. Il prend très au sérieux la crise aiguë que traverse l’Eglise catholique depuis quelques décennies et ne s’aventure donc pas à prétendre qu’en fait tout irait bien. Mais, parce qu’il est historien de formation, il sait aussi qu’elle en a vu d’autres. Et parce qu’il est un chrétien convaincu, diacre de son état, il adopte une hauteur de vue qui lui permet de discerner le perpétuel travail de la providence et de la grâce quand tout semble perdu.
L’auteur est pédagogue : exposant avec une remarquable simplicité des faits pourtant complexes, et ne dédaignant pas d’user au passage d’anecdotes qui rendent le propos très agréable à suivre, son ouvrage balaie les deux mille ans de christianisme. En un peu plus de 200 pages seulement, il évoque les grandes crises traversées par l’Eglise catholique, dont elle s’est invariablement relevée, déjouant chaque fois les pronostics les plus sombres : des persécutions impériales des premiers siècles à celles du communisme, en passant par le déferlement des hérésies, des schismes de toutes les époques, des invasions musulmanes, du nazisme et du nihilisme moderne… tout y passe de ce qui aurait dû avoir raison de l’Eglise.
Didier Rance est d’autant plus crédible qu’il écrit en qualité de témoin. Les trente ans qu’il a passés au service des chrétiens persécutés, au sein de l’association Aide à l’Eglise en Détresse (AED), lui ont en effet permis de constater de ses propres yeux l’incroyable renaissance d’Eglises qu’on donnait pour mortes, après qu’elles avaient essuyé les plus redoutables outrages. D’où, sans doute, le sous-titre de son livre : « Petite histoire de l’Eglise à la lumière de la Résurrection ».
Autre point fort de cet essai : il met en évidence, pour chaque époque de crise, le rôle indispensable des saints. Sa conclusion s’achève d’ailleurs sur une invitation :
« Nous aussi sommes en train d’écrire un chapitre de l’histoire de l’Eglise, surplombé comme tous par le Mystère Pascal et la miséricorde divine. Et nous sommes appelés à le faire en répondant à l’appel universel à la sainteté que le Christ nous adresse, même si nous ne sommes pas meilleurs que les autres. Être chrétien, ce n’est pas avoir gagné le gros lot du bonheur éternel, c’est se retrousser les manches et lutter, en nous et autour de nous, pour que tous le gagnent ».
P. Vincent Baumann