Le rapport de la Commission Indépendante sur les Abus Sexuels dans l’Église (CIASE), rendu public mardi dernier, nous a abasourdis, choqués. Comment ne pas compatir à la douleur de tant de victimes, ces innocents qui ont souffert et souffrent aujourd’hui encore, par le fait des mains de certains hommes d’Église. Dans leur simple quête de la grâce de Dieu, lors des sacrements ou d’un conseil, ils se sont trouvés abusés dans leur intimité et leur intégrité. Et ceux qui ont commis ces crimes atroces ? Consacrés, ils avaient pour mission de célébrer les bienfaits de Dieu, de sanctifier et de gouverner. Mais, au lieu de prendre soin de ces âmes et les emmener vers le Père, ils ont profité de leur position d’autorité et de respect pour satisfaire leurs propres désirs, les plus pervers. Quelle honte ! Quel terrible prix ont-ils fait payer à ces innocents pour assouvir leur déviance !
Avec beaucoup trop de retard, l’Église en France voit l’horrible étendue des abus commis en son sein. Sujet tabou depuis tant d’années, nous le voyons maintenant de face. Le couvercle a été soulevé, alors il passe de l’ombre à la lumière. C’est un moment de vérité qui est à la fois horrible, mais potentiellement salutaire. Certains souligneront le fait que les abus sexuels commis par le clergé ne représentent pas plus de 4% des cas en France. Désolé, mais ce ne peut être source de fierté. Jamais. Ce fléau ne doit pas exister chez nous. Du tout. Le moment est venu pour l’Église de faire en sorte que ce type d’abus n’existe plus. En mettant notre maison en ordre, seulement alors notre voix et nos actions envers toutes ces autres victimes seront crédibles.
Comme pasteur, je suis conscient de ma mission : prendre soin des brebis que le Bon Pasteur m’a confié. Et je m’en réjouis. En même temps, je suis aussi lucide sur mes propres faiblesses et mes limites. Nous ne sommes ni des héros, ni des sauveurs. Nos paroles, parfois inspirées, ne sont pas paroles de Dieu. Lui seul est Sauveur. Lui seul a les paroles de la vie éternelle. C’est à nous de les méditer, de les assimiler et de les traduire en action. Le tout avec la grâce de Dieu. Si notre ministère comprend la charge de gouverner, cette autorité qui nous est accordée ne devrait jamais être à notre propre service. Ce serait un abus. Et parce que tout abus sexuel est précédé d’un abus d’autorité sur le plan spirituel, nous devons y faire attention.Si le pasteur se prend pour le porte-parole de Dieu au lieu de de n’être juste que Son humble serviteur, il finira par croire tous les éloges qui lui sont faits. Et d’en chercher davantage en concentrant son attention et son temps sur le petit troupeau qui « l’adore ». Sans délaisser nos charismes, nous avons toujours besoin de rester au service de tous, tel le Christ.
Nous ne sommes pas mariés et nous n’avons pas la charge d’une famille ; c’est uniquement pour être mieux à votre service. Ce qui est notre vraie joie. Mais, je vous prie de nous aimer assez en retour pour ne pas faire silence sur nos défauts. S’il s’agit de la vérité, alors cela nous rendra encore plus libres.